Editions Actes Sud
267 pages
19.80 euros
4ème de couverture
Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l'enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium d'Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le coeur battant de ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Paris.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la famille en éclats, l'entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine.
A l'âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l'insatiable désir d'être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium - modèle architectural des années 1930 -, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres.
A travers un roman solaire, porté par le regard d'une adolescente rebelle heurtée de plein fouet par le réel, Valentine Goby poursuit son travail sur le corps de l'Histoire, le rôle des femmes face à l'adversité, leur soif de liberté.
Mon avis
Il m'est difficile de parler de ce livre tant il m'a touché! Je pense que via cette chronique , je ne vais pas lui rendre hommage à sa juste valeur!
L'auteure de cet ouvrage magnifique fait partie du monde des grands à présent! Elle nous avait déjà donné une grande claque avec son livre "Kinderzimmer", elle renouvelle ici l'expérience et quelle claque! J'en pleure encore.
Cette histoire est inspirée d'une histoire vraie! Je me doute que cela a dû exister mais vu mon âge, et comme disait Aznavour dans sa magnifique chanson "La bonhème":
"Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître"
Alors certes, j'ai plus de vingt ans mais c'est bien une époque inconnue pour moi et imaginer que cette histoire a pu exister me glace le sang.
L'auteure nous projette dans les années 60 au sein d'une famille très aimée dans le village. Nous faisons la connaissance de Paulo (Paul Blanc), emblème du village et patron du bistrot "le Balto". Ici, tout est permis... Même voler dans la caisse. Il aide les plus démunis, les hommes qui viennent de se faire larguer jusqu'aux touristes de passage.
Il vit avec sa femme Odile, qui a pris l'habitude de vivre en retrait de son mari. Elle admire le spectacle, la joie que ce dernier arrive à injecter dans les coeurs. Ensemble, ils ont trois enfants:
- Annie, l'aînée.
- Mathilde, notre narratrice. Arrivée au mauvais moment... Son père aurait tellement aimé avoir un garçon. Inconsciemment, elle joue ce rôle pour être vue, admirée de son père. Elle est prête à tout et porte bien son surnom de garçon manqué!
- Jacques, le petit dernier.
Chez les Blancs, l'argent et la joie coule à flots! On ne se soucie de rien sauf des autres. Jusqu'au jour où tout bascule... Un terrible accident de voiture qui va déclencher bien des soucis, bien des rumeurs. Paul a quelques côtes froissées et refuse d'aller voir un médecin... "Cela se ressoude tout seul"...
Malheureusement, c'est bien plus grave que prévu! Le verdict est sans appel: un poumon perforé, une pleurésie et donc un aller-simple au sanatorium d'Aincourt.
Pour les plus jeunes qui me suivent, oui, je sais qu'il y en a, savez-vous ce qu'est un sanatorium? Allez, je vous donne la réponse... Dans les années 60, c'est à cet endroit que les tuberculeux venaient en cure... Incroyable non? Ils étaient éloignés de leur famille, de leurs amis afin d'éviter la contagion... Un peu comme le lépreux sur l'île de Molokaï... Mais je m'éloigne du sujet! Revenons à notre histoire...
Suite à ce séjour, les rumeurs vont vite. Très vite, le mot "Tuberculose" est sur toutes les lèvres. La famille n'est plus regardée de la même façon. Les enfants subissent des moqueries à l'école. Le bistrot se vide petit à petit, les gens lui tournent le dos. Plus rien n'est pareil et ne sera jamais plus pareil. Paul dépérit à vue d'oeil, ne supportant plus cette situation... La spirale infernale est lancée. C'est le début de la pauvreté, de la maladie, du rejet!
C'est une histoire forte que l'auteure nous dévoile! L'histoire d'une famille qui lutte et essaie de se reconstruire! Malheureusement, quand le destin s'acharne, la lutte n'est que plus difficile!
"Tel est mon destin
Je vais mon chemin
Ainsi passent mes heures
Au rythme entêtant des battements de mon coeur"
Et c'est à ce moment qu'il ne faut pas perdre son courage, qu'il ne faut pas perdre espoir! Un deuxième coup dur viendra surprendre la famille, deux parents en rechute et c'est Mathilde qui reprendra le flambeau!
"Elle ne veut pas mendier ni être une fille de rechange. Laissez-vous faire dit la directrice. La vie est dure avec vous, vous n' êtes pour rien, avec moi elle est douce et je n'y suis pour rien non plus. La seule chose possible, c'est confier la malchance à la chance, compter sur la contagion vertueuse, vous comprenez?"
Mathilde, un personnage attachant, au grand coeur et qui fera tout pour garder l'unité familiale malgré la séparation! Elle n'hésitera pas à s'oublier, se mettre de côté pour soutenir et sauver sa famille.
"Mathilde est un funambule en tension, oscillant entre la nécessité d'être Mathilde Blanc, puissante, enchanteresse, fidèle; et le désir aigu d'être une autre, fragile, légère, avec des rêves à soi. C'est une danse étrange que celle de Mathilde sur ce fil, son corps penchant toujours du même côté, lesté du poids d'amour qu'elle porte à Odile, Paulo et Jacques; du côté de l'oubli de soi."
C'est en larme que je ressors de cette lecture! Une lecture que je n'oublierai pas de sitôt. Une histoire magnifique sur fond de guerre d'Algérie racontée par une plume magique, une plume qui retrace les mémoires, les histoires avec beaucoup de justesse et d'émotions... Que demander de plus?
A cela, j'ai la réponse... Que cela ne s'arrête pas! Malheureusement à toute bonne chose il y a une fin! Fin que l'on a pas envie d'apercevoir dans ce cas-ci.
Ce livre est un véritable cri d'amour, un temps d'arrêt dans notre vie! Le plus gros coup de coeur de cette année 2016.
Ma note
Un plus...
Si vous avez lu ce livre, vous comprendrez la raison du choix de cette chanson.
Si c'est un coup de coeur, je le note !
RépondreSupprimerJ'ai eu un roman de l'auteur qui m'a énormément marqué. Je note ce titre qui a l'air tout aussi touchant.
RépondreSupprimerL'histoire à l'air intéressante ....
RépondreSupprimerPourquoi pas ! Je le note avec grand plaisir. Merci! :-)
RépondreSupprimerWahou, eh bien avec un tel avis, c'est obligé, je vais forcément craquer !
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas mais avec un tel avis il faut que je le découvre!
RépondreSupprimerJe n'en lis que du bien ! Pourtant j'hésite. Comme je n'ai pas aimé Kinderzimmer à cause du style de l'auteure, je n'ose plus m'y aventurer...
RépondreSupprimerLien noté. Merci pour ta participation à mon challenge.
RépondreSupprimerj'hésitai aussi mais je sens que je vais finir par craquer ....
RépondreSupprimermerci , ajouté à ma wishlist ;)
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