jeudi 29 mars 2018

L'homme qui plantait des arbres (Jean Giono)

Éditions Gallimard Jeunesse
64 pages
6.90 euros
A partir de 8 ans


4ème de couverture

En Provence, dans une région aride et sauvage, un berger solitaire plante des arbres, des milliers d'arbres.
Au fil des ans, les collines autrefois nues reverdissent et les villages désertés reprennent vie.
Voici l'histoire d'Elzéard Bouffier, le silencieux, l'obstiné, celui qui réconcilie l'homme et la nature.


Mon avis

A l'heure où l'homme détruit la nature... A l'heure où la terre nous fait comprendre qu'elle n'en peut plus... Ce livre classique, nouvelle édition, illustré fait un bien fou.
Je ne connaissais pas du tout cette histoire mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle m'a fait réfléchir et je pense la proposer dans mes classes l'année prochaine.


"Pour que le caractère d'un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l'idée qui la dirige est d'une générosité sans exemple, s'il est absolument certain qu'elle n'a cherché de récompense nulle part et qu'au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d'erreurs, devant un caractère inoubliable."


Voilà comment commence ce conte écologique empli de poésie. On y fait la connaissance d'un homme, un simple berger qui sans rien demander, plante des glands chaque jour. Petit pas par petit pas, gland par gland, il prend son travail au sérieux et avance chaque jour un peu plus. Certains glands mourront mais d'autres, bien des années plus tard, deviendront de magnifiques arbres centenaires. Une petite action qui apporte du bonheur et du sens au travail qu'il a effectué avec labeur durant toutes ces années. Grâce à cette action désintéressée, il est arrivé à reboiser une région qui était devenue vide et froide. Une réussite incroyable pour ce simple berger.

Par contre, si vous cherchez de l'action dans ce livre, alors passez votre chemin car vous n'en trouverez pas. Mais, si vous vous laissez bercer par les mots, par cette rencontre avec ce berger, par ces paysages incroyables, par le bruit de la nature alors vous en ressortirez tout émerveillé. En effet, outre le joli message que ce livre veut faire passer, il est important de souligner la jolie poésie que l'auteur nous propose avec ce récit.

N'oublions pas de parler des illustrations qui sont justes simples mais sublimes. 

Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce récit mais surtout de le faire découvrir autour de vous. Avec sa plume généreuse, juste mais surtout essentielle, l'auteur a pour but de nous faire passer un message écologique et humaniste. Il met en évidence l'action positive dont l'homme est capable dans son milieu... Un exemple à suivre assurément. Un joli message d'espoir, par les temps qui courent, que je ne peux que mettre en avant aujourd'hui.


Ma note










Un petit plus

Je ne pouvais que vous mettre l'adaptation ci-dessous. Une pure merveille.


vendredi 23 mars 2018

Ma mère en vigilance orange (Eric Sanvoisin)

Editions la Joie de Lire
200 pages
14.50 euros


4ème de couverture

Louise va au Lycée, elle adore la poésie, ses amies et son petit frère Rudy. Chaque jour, Louise donne le change mais sa vie n'est pas un long fleuve tranquille. Un beau matin, le père de Louise quitte le navire, laissant sa fille seule aux commandes: faire les courses, le repas, le ménage, vérifier les devoirs du petit frère, sans oublier la piqûre quotidienne pour sa mère gravement malade. Peu à peu, Louise s'enferme dans un rôle qui n'est pas le sien...


Mon avis

L'adolescence n'est pas un passage facile à vivre mais alors, quand on rajoute, une mère malade et un père qui quitte le domicile familial pour se protéger et ainsi laisser seuls les enfants face à cela, on peut dire que cela n'arrange rien.

A travers ce livre, l'auteur nous fait découvrir le quotidien de Louise, une jeune fille qui s'occupe de sa mère, atteinte de la sclérose en plaque et de son frère. Pour arriver au bout de sa mission et éviter le placement de sa maman, elle s'isole de tout et de tout le monde à l'exception de Maya, son amie de tous jours. Mais cela est-il possible bien longtemps?

Eric Sanvoisin signe, ici, un roman fort, puissant et sensible. Il évoque un thème souvent vu en littérature jeunesse acutellement, celui d'un jeune qui aide un parent malade mais son écriture ne tombe pas dans le mélodramatique pour autant. C'est une écriture bouleversante, qui nous touche profondément sans pour autant nous extirper les larmes. Un récit fluide qui permet une accessibilité à un grand nombre de jeunes.
Quand aux personnages, ils sont attachants. Beaucoup de jeunes filles pourraient se reconnaître dans le personnage de Louise, une adolescente comme beaucoup d'autres.

Petit bémol tout de même... On peut reprocher à ce livre, sa fin plus que décevante. Une impression de bâclé, d'inachevé. On a envie d'en savoir plus, de connaître le réel dénouement pas de s'arrêter comme cela.


Ma note

13/20

jeudi 22 mars 2018

Juste après la vague (Sandrine Collette)

Éditions Denoël
302 pages
19.90 euros


4ème de couverture

Il y a 6 jours, un volcan s'est effondré dans l'océan, soulevant une vague titanesque, et le monde a disparu autour de Louie, de ses parents et de ses huit frères et soeurs. Leur maison, perchée sur un sommet, a tenu bon. Alentour, à perte de vue, il n'y a plus qu'une étendue d'eau argentée. Une eau secouée de tempêtes violentes, comme des soubresauts de rage. Depuis six jours, ils espèrent voir arriver des secours, car la nourriture se raréfie. Seuls des débris et des corps gonflés approchent de leur île. Et l'eau recommence à monter. Les parents comprennent qu'il faut partir vers les hautes terres, là où ils trouveront de l'aide. Mais sur leur barque, il n'y a pas de place pour tous. Il va falloir choisir entre les enfants.


Mon avis

Sandrine Collette est le deuxième auteur que je suis depuis ses premiers pas. Son premier roman avait été une véritable claque. Depuis, je ne rate aucune de ses sorties. Chaque livre a son propre style mais ils ont toujours ce point commun de bouleverser le lecteur au plus profond de lui-même. Alors qu'en est-il de ce nouveau roman "Juste après la vague"?

Pour la maman que je suis, cette lecture fut horrible tant l'histoire est à glacer le sang. L'auteur nous transporte dans un monde à la fois irréaliste mais tellement proche de la réalité. 
Quand un jour, un volcan s'effondre dans l'océan, cela donne un énorme tsunami; une vague qui balaie tout sur son passage en ne laissant que peu d'espoir à ceux qui sont sur son chemin. C'est dans ce décor chaotique que nous allons faire la connaissance de Madie, Pata et leurs 9 enfants (Lotte, Marion, Emilie, Sidonie, Mattéo, Liam, Louie, Perrine et Noé) qui ont survécu à ce déluge. Leur chance: ils vivent suffisamment en hauteur. Malheureusement, leur maison est actuellement entourée d'eau. Ils ne cessent de penser que l'eau va finir par descendre mais ils sont forcés de constater qu'il n'en est rien et qu'elle ne cesse de monter. Il ne reste qu'une solution: tout quitter pour rejoindre la terre. Pour cela, une barque comme seule embarcation. Et c'est là, qu'il faut faire un choix... un choix crucial... cette embarcation ne peut contenir que 8 personnes...

A partir de cet instant, l'auteur va alors nous compter deux histoires en une... Dans une première partie, elle va nous dévoiler le parcours de ceux qui ont embarqué et qui vont devoir, à présent, affronter les éléments, le rationnement de nourriture, la nature qui se déchaîne mais surtout cette culpabilité grandissante d'avoir osé abandonner une partie des leurs sur cette île.
Dans une autre partie, elle va nous livrer la vie de ces 3 enfants abandonnés, lâchement, à cause de leurs différences. 3 enfants livrés à eux-même mais qui gardent l'espoir que leurs parents reviendront les sauver...
Alors une seule question vient à se poser: qui va s'en sortir finalement?


"La nudité de l'océan l'affole. L'eau à perte vue, sans une racine où s'agripper, sans une herbe pour accrocher le regard, un désert sans fond, un abîme liquide. Curieusement, cette immensité l'oppresse. Seule leur barque minuscule, entre ciel et terre, est un refuge acceptable. Si frêle cependant."


Comme je l'ai déjà dit précédemment, l'auteur a le pouvoir de nous bouleverser. On ne peut pas sortir indemne de ses récits. Elle a ce don de nous piquer au plus profond de nous-même, de nous faire réfléchir sur l'espèce humaine. Dans ce cas-ci, elle va nous mettre face à une terrible décision... Sur quoi se baser pour faire ce choix? Sur quelles valeurs?
En quelques lignes, elle arrive à nous téléporter au côté des personnages, sur les lieux qu'elle nous décrit. Avec eux, nous allons vivre le pire, comme le meilleur. Nous ressentirons leurs peurs, leurs angoisses, leurs sentiments. On s'accroche à eux comme à une bouée de sauvetage. Ils deviennent même familiers. Elle nous pousse à nous dépasser, à aller au-delà de nos limites car le moins que l'on puisse dire c'est que ce récit n'est pas facile à lire. C'est avec une boule dans la gorge que l'on avance, lentement, très lentement avec l'envie parfois de fermer ce récit, de prendre l'air. Mais finalement, on y revient car on a cette envie d'en connaître le dénouement.

Et puis, les dernières phrases tant attendues... on repose alors ce livre mais on est toujours devant cette vague, dans le vague...

Je ne peux que vous conseiller de découvrir cet auteur, ses livres, ce livre où sont mis en avant l'amour, les liens invisibles et la résilience qui unissent une famille. Un livre à découvrir de toute urgence.


Ma note


mercredi 21 mars 2018

Le fleuve des brumes (Valerio Varesi)

Editions Agullo
316 pages
21.50 euros


4ème de couverture

Dans une vallée brumeuse du nord de l'Italie, la pluie tombe sans relâche et le Pô menace de sortir de son lit. Libérée de ses amarres, une barge dérive dans la nuit avant de disparaître dans le brouillard.
Quand elle s'échoue à l'aube, son pilote est introuvable. Quelques heures plus tard, le frère du batelier est défenestrer. Suicide?
Lorsque le commissaire Soneri découvre que les deux frères ont servi dans la milice fasciste cinquante ans plus tôt, il pressent qu'il y a un lien entre leur passé trouble et leur mort violente.

Un polar impressionniste où la vérité se heurte au silence de ceux qui vivent sur le fleuve et n'ont pas digéré les vieilles rancœurs...


Mon avis
 
"Le fleuve des brumes" est un livre qui porte bien son nom. L'auteur nous fait voyager dans le nord de l'Italie, le long du Pô. Dès les premières pages, il nous plonge dans une ambiance sombre, froide, glaçante où pluie, brume et brouillard sont les maîtres mots. Un endroit où l'on n'a guère envie de rester, à ce moment là.
Si vous cherchez un polar au rythme rapide, passez votre chemin. En effet, l'auteur prend son temps. Il plante le décor délicatement: paysages, personnages, ... aucun détail n'est oublié. Les premières pages m'ont fait paniquer. Elles ne cessent de développer ce fleuve qui ne fait que grimper. Aucune intrigue, aucun suspens... Cependant, le lecteur oublie vite cette lenteur par toutes ces jolies descriptions faites par l'auteur. J'avais l'impression d'être là, à côté de lui, auprès des personnages.  

Dans la seconde partie du récit, nous allons faire la connaissance du commissaire Soneri. Comme son auteur, il aime prendre son temps. Il est chargé de l'enquête de deux meurtres. Il va prendre le temps d'interroger, d'écouter avec attention les différents protagonistes, leurs confidences et leurs histoires. L'auteur ne s'est pas rendu le travail facile. Certes, c'est un polar mais en plus, il rentre dans un thème épineux... le passé noir de l'Italie. A travers ces différents protagonistes, nous allons revivre l'histoire des chemises noires, des communistes traqués par les fascistes. On pourra se rendre compte que l'Histoire est encore bien présente dans les mémoires et la rancœur également.

"Ceux qui traversent une guerre portent sur leurs épaules des poids dont tôt ou tard ils doivent se défaire. Et lorsque la force vient à manquer... Personne n'a traversé indemne l'époque qu'il lui a fallu vivre."

J'aime quand un polar est vivant; quand le lecteur ne sait pas souffler. Ce n'est pas le cas dans ce roman mais j'en ressors conquise tout de même. L'auteur sort du genre bien classique que l'on connaît au polar. Grâce à lui, j'ai fait de magnifiques découvertes; que ce soit point de vue historique, gastronomique... J'ai aimé voyager dans ces jolis villages et découvrir ces bons vins. Je n'avais qu'une seule envie: me téléporter pour pouvoir vivre cela de plus près. 

Je ne peux que vous conseiller ce polar, noir, où tout se déroule sans précipitation mais où aucun détail n'est laissé de côté. Un polar qui prend le temps de s'attarder sur les hommes marqués par la vie; ce n'est pas fréquent. 
Un polar à lire absolument.


Ma note

16/20