dimanche 19 février 2017

La langue oubliée de Dieu (Saïd Ghazal)

Editions Erick Bonnier
240 pages
20 euros


4ème de couverture

Hanté par une histoire accablante que lui ont transmise ses grands-parents, rescapés du pogrom des chrétiens en Turquie au début du XXème siècle, Aram s'efforce de traduire leur mémoire rédigée par Sowo, le grand-père, en araméen, la langue des Syriaques d'Orient...

Deux univers parallèles se télescopent, l'un au présent et l'autre au passé. C'est ce passé pesant dans lequel le héros est plongé à son corps défendant qui rendra son présent écrasant.

L'histoire se dévoile à travers une lente évolution de sentiments dualistes comme un clair-obscur.

Dans cette œuvre exutoire, à mi-chemin entre les mémoires et l'autofiction, l'auteur règle ses comptes avec ses origines, son passé, son éducation et son exil forcé.


Mon avis

Etant professeur de religion, je ne pouvais que me laisser tenter par ce livre. En effet, je pense que c'est une richesse pour nous que de découvrir d'autres cultures, d'autres histoires.

A travers son récit, l'auteur nous plonge dans la vie d'une famille, dans l'histoire douloureuse de celle-ci. Aran n'est autre que le petit fils de Sowo. A la mort de ce dernier, il lui fait une promesse: celle de traduire son livre, son histoire, ses écrits qu'il a mis sa vie à rédiger en araméen. Si au départ, il ne s'agit que d'une banale traduction... Très vite Aran va se rendre compte de qui était son grand-père. Il va découvrir des souvenirs de celui-ci mais aussi grâce à cela, refaire surgir ses souvenirs à lui. Souvenirs parfois douloureux auxquels il va devoir faire face. Cette traduction va-t-il l'aider ou au contraire le détruire?
C'est avant tout l'histoire d'une vie, l'histoire de différentes générations avec un même lien: Didon, une prostituée qui a aimé ces deux êtres...

Que dire de la plume de l'auteur? Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il maîtrise parfaitement la langue française. Tel un poète, il joue avec les mots pour notre plus grand bonheur! Tantôt cru, tantôt douloureux, tantôt gai, mais aussi violent et bouleversant, il arrive à trouver la juste intonation, les bons mots pour nous marquer, nous troubler.

Quant aux personnages, ils sont attachants, humains avec leurs bons côtés comme leurs côtés sombres. Parfois violents, parfois excessifs, parfois sentimentaux, ils sont eux tout simplement.

On ne va pas se mentir, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce récit au départ! Mais une fois happée, je n'ai plus jamais décroché et n'ai plus jamais eu envie de le fermer, de le quitter.

C'est un livre puissant que je vous conseille de découvrir aujourd'hui. Une histoire bouleversante sur fond de la tragédie des Chrétiens d'Orient. Une famille qui a dû fuir la Turquie pour plus de sécurité! Outre cela, il fait également écho à de nombreux drames d'aujourd'hui, à l'embrigadement notamment. Le tout avec beaucoup d'humanité et d'émotions.
C'est un roman magnifique jouant entre le passé et le présent, la fiction et la réalité. Il est d'ailleurs bien difficile de connaître la limite entre les deux! 
Un livre à découvrir sans hésitation.


Ma note

15/20



4 commentaires:

  1. Ce n'est pas spécialement mon style habituellement, mais tu as su me donner envie, donc je note !

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  2. Ce n'est pas vraiment ce que je lis et je ne pense pas le lire même au vu de ce que tu en dis :)

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  3. Je passe mon tour, ce n'est pas mon style de lecture.

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  4. Sans doute pas le genre de lecture qu'il me faut pour l'instant, mais ce livre m'intéresse...
    J'aime bien la couverture.

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