Editions Hachette Fictions
Collection "La Belle étoile"
352 pages
21,90
euros
4ème de couverture
On a bien failli le rater, ce bateau de la dernière chance. On nous
a prévenues à 6 heures du matin que le Serpa Pinto avait enfin
accosté au vieux port. Nous avons rassemblé nos affaires à la hâte
et nous sommes parties avec les valises et les paquets à travers les
rues sinueuses de Marseille, soufflant, trébuchant, courant comme
des poules sans tête. Les passants nous regardaient ébahis. Moi je
craignais qu’on se trompe de direction. J’ai découvert le navire
en deux temps. D’abord l’odeur de la fumée. Puis en arrivant sur
le quai, l’immense coque noire et les trois cheminées rouges
alignées. Il était sur le point de larguer les amarres. Valia a
crié : « Attendez-nous ! »
Mon avis
Dans
son dernier roman, l'auteure nous invite à un voyage aussi personnel
qu’émouvant à travers les méandres d'une histoire familiale
marquée par l'exil, la guerre et la quête d'identité. Au cœur de
ce récit, une femme, Karine, cherche à comprendre les origines de
la distance avec sa mère, Germaine Schamisso, une pianiste prodige
née en Belgique dans une famille juive russe. Ce manque de lien
maternel hante la narratrice, qui décide de remonter le fil du passé
après la mort de cette mère avec laquelle elle a perdu tout
contact.
C’est un véritable puzzle qu’elle tente de reconstituer, une
enquête sur ses racines et sur ce qui a conduit sa famille à fuir
l'Europe ravagée par la guerre. En alternant les chapitres qui nous
plongent à la fois dans le passé et le présent, l’auteure
déterre des histoires sombres, se documente et remplit les vides.
Germaine, enfant réfugiée, est emportée dans une fuite éperdue
vers la France, puis New York, avant de revenir en Belgique. Malgré
les horreurs de la guerre et la perte de repères, il subsiste
toujours cette étincelle d'espoir, cette soif de liberté.
La structure narrative ajoute une profondeur supplémentaire à
cette histoire. Deux époques, 2 histoires différentes mais oh
combien liées.
Le récit de Karine Lambert, tout en pudeur et en émotion, nous
immerge dans la complexité des relations familiales et les blessures
invisibles qu’elles peuvent laisser. La beauté de l’écriture,
aussi délicate qu’intense, nous fait ressentir pleinement le poids
des silences, des non-dits, et l’importance de la transmission des
histoires familiales, aussi douloureuses soient-elles.
Un roman à la fois intime et universel, qui touche au cœur et
invite à réfléchir sur nos propres liens familiaux, nos origines,
et la résilience face aux épreuves de la vie. Un hymne à la
mémoire et à la force de l’esprit humain, sublimé par une plume
magnifique et authentique.
Ma note
17/20
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