Editions du Rouergue
111 pages
8,10 euros
4ème de couverture
Sa mère lui dit, tu finiras par oublier. Sûrement pas. Comme si Cerise
pouvait oublier ce qui s'est passé ce soir-là, entre Mairie de Montreuil
et République. Elle portait une robe neuve, rouge. Son amie Clara
l'avait invitée à passer la soirée chez elle et son père lui avait fait
promettre de rentrer avant la nuit.
Quand elle voit monter dans la rame
cet homme immense aux yeux verts, Cerise ne peut pas dire pourquoi, mais
elle sait que quelque chose ne va pas avec lui. Depuis longtemps, dans
le métro, les discours des sans-abri la mettent à l'envers. Elle ne
s'habitue pas à ce qu'il y ait des gens aussi seuls, aussi abandonnés.
Elle ne veut pas voir le monde comme ça.
Zyeux Verts répète que l'été,
c'est l'enfer, l'enfer. Personne ne fait attention à lui. Sauf elle. Le
matin déjà, à l'aller, il était là avec son enfer. Mais ce soir, elle
n'a qu'une envie, c'est qu'il sorte de la rame. Cerise sait que cet
homme est au bout, et que ce soir, dans le métro, ils sont tous au bout.
Mon avis
Il est rare qu’un livre parvienne à capturer avec autant d’intensité la vie urbaine, les voix oubliées et les regards invisibles. Dans son court roman, Cerise nous entraîne dans les profondeurs du métro parisien, un microcosme vibrant de vie et de récits humains.
Cerise, la protagoniste, est fascinée par les conversations des passagers. Elle n’est pas une simple observatrice ; elle est une écoute, une épaule attentive pour des voix souvent étouffées par le bruit de la ville. Parmi ces voix, celle de "Zyeux Verts", un SDF, résonne particulièrement. Ce matin-là, son discours sur les horreurs de la vie dans la rue bouleverse Cerise, révélant une douleur et une détresse que la société préfère ignorer.
Mais la magie de ce roman réside dans la transformation de Zyeux Verts, que Cerise croise à nouveau le soir. Sa colère et son désespoir sont palpables, presque contagieux. Ce moment de tension fait ressortir une vérité difficile à affronter : la souffrance d’autrui peut être un poids lourd à porter, même pour ceux qui veulent comprendre. La peur de Cerise est palpable... Son ressenti était juste!
L’auteur nous fait naviguer entre le présent et le passé de Cerise, chaque détail minutieusement ciselé, chaque émotion magnifiquement dépeinte. Ce style simple et direct rend le récit accessible, même pour les lecteurs les moins aguerris, tout en maintenant un suspense haletant jusqu’à la dernière page où l'on découvre ce qui va bouleverser la vie de Cerise à jamais!
Ce roman, bien plus qu’une simple histoire sombre, est une leçon de vie. Il nous pousse à réfléchir sur notre rapport aux autres, sur notre capacité à écouter et à voir au-delà des apparences. Dans un monde où chacun court, souvent insensible aux cris silencieux de l’autre, cette œuvre nous rappelle l’importance de l’empathie et de la présence.
À découvrir absolument, ce livre nous invite à plonger dans l’humanité, à redécouvrir les voix qui se cachent derrière les regards. Cerise et Zyeux Verts deviennent ainsi les porte-voix d’un monde que nous avons trop souvent tendance à ignorer. Un moment de lecture intense et nécessaire qui ne laisse pas indifférent.
Ma note
16/20